Le plaisir et l’engagement, deux mots qui traduisent la vitalité de l’écriture de Catherine Anne. Toute son œuvre, et en
particulier Sous l’armure, parle directement d’un rapport au monde en travail, à l’amour de la vie. Et l’engagement, car les personnages de cette histoire jouent avec les contradictions humaines, les ambiguïtés, la foi et la lâcheté. Ils nous engagent tous, spectateurs et acteurs, dans une lecture du monde.
Mon envie première est d’interroger la fonction même du théâtre, du plateau, des acteurs, de la technique, pour trouver
l’endroit juste qui permet à la communauté, acteurs et spectateurs, de parler du monde, de le brasser, de le réinventer
chaque soir. Pouvoir transmettre mon euphorie sur ce travail collectif, qui consiste à s’emparer du matériau extraordinaire qu’est le texte, le laisser nous guider sans calcul ni interprétation, rester au cœur de la question de la générosité, du don, de l’échange. Un théâtre brut, populaire, qui nous appartient, qui nous élève, et qui
nous est indispensable. Je jubile de plonger dans les questions multiples posées par le conte médiéval de
Catherine Anne. Si toute l’histoire se déroule au Moyen-Âge, on retrouve bien des similitudes avec notre société malade.
Monseigneur doit défendre son territoire, le sang coulera, les têtes tomberont, ainsi va la guerre… Mais il y a aussi l’autre guerre, une guerre plus sournoise, insidieuse, une guerre pour reconquérir son territoire intérieur. Celle-là même qui pousse Christine et Thibault à fuir. Chacun pour des raisons différentes. Ils se cherchent, ils se cachent, ils s’échangent, ils se brûlent, ils se reconnaissent, ils se chantent, ils jouent à la vie à la mort. Ils nous balancent en pleine figure leur rage de vivre, en prenant leur armure ils rentrent en guerre contre les idées reçues, lesformatages, les rôles imposés, les préjugés, le tout noir ou tout blanc.